Frein aux contributions des paroisses approuvé en première lecture
Publié le 16 juin 2025
« Je ne vous cache pas que je suis confronté à quelques difficultés, notamment suite à certaines décisions qui concernent la gestion financière de l’Église catholique Fribourg », a relevé Mgr Morerod devant les délégués de la Corporation ecclésiastique catholique (CEC) réunis en Assemblée le 14 juin 2025. Pour faire face aux défis qui concernent toutes les collectivités, les délégués ont approuvé en première lecture la révision du Statut ecclésiastique pour y inclure de nouvelles dispositions permettant une vision plus durable des finances. Ils ont également approuvé les comptes 2024 de la CEC.
En début de séance l’évêque diocésain s’est adressé aux délégués de la Corporation ecclésiastique catholique (CEC). Il relève les difficultés auxquels l’évêché est confronté en donnant quelques exemples. « J’ai rencontré un évêque hollandais qui m’a dit que dans son diocèse il y a plusieurs dizaines de désacralisations d’églises chaque année. J’ai rencontré un évêque français d’un diocèse voisin qui m’a dit en dix nous sommes passé de 125 prêtres à 23. Il a ajouté nous aurions pu anticiper et nous ne l’avons pas fait. Nous avons parfois l’impression que nous sommes en train de sauver les meubles, ce qui influence évidemment aussi notre capacité pour accueillir des vocations. » Ce que l’évêque aimerait en particulier éviter, c’est que l’église se désolidarise en son sein, que les finances empiètent sur le travail quotidien, par exemple des agents pastoraux.
Mgr Morerod n’a pas quitté les délégués sans relever également des motifs d’espérance. Ainsi constate-t-il avec joie l’augmentation des confirmations d’adultes qui sont en nette augmentation dans le diocèse. Il se soucie cependant de la vision que certains confirmands peuvent avoir de la vie paroissiale. Il faut éviter que les nouveaux confirmés repartent en raison d’une communauté trop peu vivante. « Je rencontre des étudiants de collèges, qui écrivent leur travail de maturité sur des questions touchant la religion. Ils me disent souvent qu’ils ne vont pas à l’église dans leur paroisse, car ils se retrouveraient trop seuls comme jeunes. Comment gérer les nouveaux croyants ? Comment les accueillir et nous inspirer de leur manière de vivre la foi ? » Autant de questions sur l’avenir auxquelles nous ne connaissons pas la réponse. L’évêque diocésain conclut : « Est-ce qu’une assemblée comme la vôtre se tiendra-t-elle de la même manière dans dix ans ? »
L’assemblée avec au premier plan Joachim Tedie, président de la commission spéciale pour l’étude de la révision des règlements.
Nouvelle gestion des finances
Donnant une suite concrète aux travaux de longue haleine démarrés en début de législature, les délégués ont approuvé en première lecture la révision du frein aux contributions paroissiales. Cette réforme de l’ancien « frein aux dépenses » a été préparée par une commission spéciale sous la direction du vice-président de l’Assemblée, Matthieu Canevascini. Elle ne concerne pas les dépenses des paroisses, mais principalement les tâches cantonales dont s’occupe la CEC pour l’ensemble des deux régions diocésaines. En préambule, le président de commission a souligné les difficultés liées à l’application du frein aux dépenses instauré par l’art. 71 du Statut ecclésiastique catholique. « L’actuel frein aux dépenses est exclusivement calculé sur la base du montant des recettes fiscales, nécessairement variables, sans prendre en compte les tâches à financer. Ceci est d’autant plus problématique que les dépenses auxquelles la CEC est confrontée sont fixes à court terme – entre autres parce que, pour l’essentiel, elles portent sur des salaires », explique Matthieu Canevascini. Il poursuit en précisant que l’actuel frein aux dépenses a l’inconvénient majeur d’être calculé à partir des recettes et dépenses passées, sans prendre en compte l’avenir.
La réforme actuelle se fonde sur l’élaboration d’un plan financier quinquennal tel qu’on le connaît dans les collectivités publiques. C’est un instrument de prévision, élaboré en début de législature et contenant les grandes lignes des recettes et des dépenses sur plusieurs années à venir. « Cette réforme va stabiliser les contributions des paroisses tout en permettant une certaine souplesse opérationnelle », remarque Matthieu Canevascini. « Les contributions globales demandées aux paroisses ne pourront être modifiées au cours du plan quinquennal qu’en cas de circonstances exceptionnelles. L’expérience a montré que cette condition peut s’avérer difficile à interpréter. Le projet de réforme y ajoute par conséquent la nécessité d’une décision à la majorité qualifiée, c’est-à-dire des deux tiers des voix exprimées. »
Marc Joye, responsable des finances au sein du Conseil exécutif, soutient ce nouveau système « qui a l’avantage d’être tourné vers le futur ». Il précise que le plan financier dépend des tâches allouées à la CEC. « Les discussions sur le financement doivent être globales. Par exemple si l’Assemblée estime qu’une tâche doit être financée au niveau cantonal, elle fera partie du plan financier. Si une tâche se situe au niveau des paroisses, elle ne fera pas partie du plan financier. Ce système sera un instrument efficace pour déterminer quelles ressources doivent être affectées à quelles tâches. »
Michel Vorlet et Nicole Monney, nouveaux délégués de la CEC avec Bernhard Altermatt, président de l’Assemblée (de droite à gauche).
Comptes 2024
Dans la foulée, l’Assemblée de la CEC a approuvé les comptes 2024. L’exercice boucle avec un bénéfice de CHF 28’764.16 pour un total de charges d’un peu plus de CHF 29 millions. L’excédent de produits a été versé aux fonds propres. Selon le président de l’assemblée, Bernhard Altermatt, ce résultat comptable sous-estime toutefois l’effort réalisé. « Alors que le budget prévoyait des dissolutions de réserves pour CHF 405’900, les dissolutions effectives ne se montent qu’à CHF 32’400, soit CHF 373’500 de moins que prévu. En faisant abstraction de l’effet des dissolutions de provisions, le résultat positif se monte à CHF 401’000, soit 3.0% en dessous du budget, ce qui est un résultat appréciable », explique Marc Joye. « L’ensemble du personnelde la pastorale catégorielle se monte en fin d’année à 69.0 EPT (y compris un apprenti à 100% et une stagiaire à 60%), contre 71.0 figurants au budget. Pour le personnel de la pastorale territoriale, il se monte en fin d’année à 105.5 EPT contre 107.0 EPT prévus. Ces quelques différences sont dues à la combinaison de deux facteurs bien différents : d’un côté, une volonté de réduire les coûts pour rester en ligne avec les prévisions du plan quinquennal que nous appliquons de manière provisoire; d’autre part, la difficulté de trouver du personnel qualifié et motivé pour certaines fonctions », précise Marc Joye.
Élections et assermentations
Dans un autre registre touchant la gouvernance de l’Église catholique Fribourg, le Conseil exécutif et l’Assemblée souhaitent simplifier le Règlement sur l’exercice des droits politiques ainsi que d’autres règlements. Pour y parvenir, une commission spéciale a été créée sous la direction de Joachim Tedie, président de la paroisse de Sainte-Thérèse. Les autres membres de la commission sont : Hermann Hayoz, René Jaquet, Valentine Murith, Hans Rahm, François Roubaty et Daniel Werro.
Autre changement notable pour l’Assemblée, Johanna Fasel a été élue comme nouvelle secrétaire attitrée, à la suite du départ de sa prédécesseuse Nathalie Lehmann qui continuera à œuvrer pour l’Église catholique dans une autre fonction. En outre, Hermann Hayoz a été élu comme nouveau membre de la Commission de gestion, et le président Bernhard Altermatt a assermenté la nouvelle déléguée Nicole Monney et le nouveau délégué Michel Vorlet.