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La Corporation ecclésiastique a approuvé son budget 2024

Après de vives et intenses discussions, les délégués à l’assemblée de la Corporation ecclésiastique cantonale (CEC) ont finalement avalisé une augmentation du taux de frein aux dépenses. Réunis en assemblée le 9 décembre 2023, à Fribourg, ils ont aussi approuvé le budget 2024, premier budget commun après la fusion des deux caisses (la Caisse de rémunération des ministères paroissiaux et la Corporation ecclésiastique).

Avec des charges d’environ 29 millions, le budget 2024 dépasse le taux de frein aux dépenses fixé à 15%. Pour pouvoir accepter ce budget, les délégués de la CEC ont dû approuver une hausse du taux de frein aux dépenses à 16,5%. L’assemblée a débattu de manière animée et soutenue cette hausse. Certains délégués paroissiaux s’inquiètent de son augmentation systématique. Ces dernières, selon eux, représentent une charge « difficilement supportable » pour les paroisses. « Il y a toujours une bonne raison pour passer outre le frein aux dépenses de 15% », relève un délégué. Il estime qu’au sein de l’Église, comme dans n’importe quelle entreprise, si nécessaire il faut licencier des personnes.

Gérald Telley, membre du Conseil exécutif et responsable des finances, souligne qu’il partage le souci financier des paroisses. « Préparer un budget est un exercice très complexe. Les paroisses souhaitent des agents pastoraux bien formés, mais elles veulent payer moins. Une réflexion quant aux priorités de financement est à faire rapidement. Est-ce vraiment utile d’avoir de magnifiques églises, s’il n’y a plus personne pour les fréquenter ? », questionne-t-il.

La hausse de ce frein aux dépenses est due à une nouvelle augmentation des salaires, un palier supplémentaire a été accordé aux agents pastoraux, et à l’adaptation aux coûts de la vie. Marianne Pohl-Henzen remarque que nous sommes dans une phase de transition. « Pour la première fois, nous vous présentons un budget commun. Il ne faudrait pas faire de différences entre les paroisses et la Corporation, nous sommes tous engagés au service de la même cause. » Céline Ruffieux a relevé que depuis deux ans, un processus de professionnalisation est à l’œuvre. « Nous travaillons à une vision stratégique pour l’avenir de l’Église dans notre canton. »

Une réflexion sur le frein aux dépenses

La Commission de gestion note dans son rapport que si l’augmentation du frein aux dépenses n’était pas acceptée, le Conseil exécutif aurait dû licencier rapidement 18 collaborateurs. La Commission insiste sur l’absolue nécessité d’instituer, dès le début de la nouvelle législature, une commission spéciale pour traiter de cette problématique du taux du frein aux dépenses. Selon la Commission de gestion, seules deux possibilités se profilent :

  • soit le taux de 15% est justifié et dans ce cas il faudra que la liste des tâches financées par la CEC soit revue et que certains services soient réduits, voire abandonnés;
  • soit il faut réviser ce taux à la hausse et dans ce cas les paroisses devront revoir leur priorité dans l’utilisation de leurs

Des mondes parallèles

En fin d’assemblée, Mgr Charles Morerod a adressé quelques paroles aux délégués en les remerciant pour leur engagement. « Il y a beaucoup de choses positives qui sont vécues dans notre Église. Il y a aussi de nombreux défis à relever ensemble. Il y a des signes de vitalité. » Évoquant l’actualité des sorties d’Église, il constate qu’elles ne sont pas dues seulement aux abus sexuels. « Parmi les personnes que je rencontre, beaucoup me disent ne pas savoir qu’attendre de cette institution. » Il observe le profond décalage entre l’Église et la société. «  Nous vivons dans deux mondes parallèles qui ne se comprennent plus. Nous avons une belle perspective de travail commun où nous devons nous aider les uns les autres. »

Cette assemblée étant la dernière de la législature, elle a aussi été l’occasion de remercier les membres du Conseil exécutif qui démissionnent et les délégués qui ne se représentent pas à la prochaine législature.

L’Église de demain

Patrick Mayor, après dix ans au Conseil exécutif, a décidé de ne pas se représenter pour un mandat. En guise d’adieux, il a adressé aux délégués une réflexion sur l’Église de demain. « Nous nous dirigeons vers une Église plus ‘pauvre’ qui rendra des services différents et qui devra continuellement s’adapter au besoin des croyants et non-croyants. Nous allons devoir faire des choix de réorganisation territoriale, créer des lieux avec des moments forts où les pratiquants pourront se rencontrer pour des célébrations dans des églises pleines et chaleureuses. Nous allons aussi devoir décider de fermer certains lieux de cultes. Les paroisses devront réfléchir comment maintenir la flamme chez leurs fidèles plutôt que de rénover à 100% tous leurs bâtiments. 

Il faudra réanimer des communautés « depuis lintérieur », utiliser les forces vives actuelles dans nos paroisses, les mouvements divers, les chorales et j’en passe pour y raviver ou maintenir la flamme du message de l’Évangile. Nous allons aussi devoir vivre avec moins de prêtres, d’ici ou d’ailleurs… Nous avons aussi le devoir, dans cette période de crise des vocations et des pratiquants d’orienter nos actions pastorales vers l’extérieur, vers ceux qui ne vont pas ou plus à l’église. Notre responsabilité envers la société fribourgeoise est de continuer nos actions de diaconie et de créer des nouveaux projets. Dans nos pays voisins et même chez nous, nous réalisons que chaque fois que des projets ‘en sortie’ sont réalisés, beaucoup de jeunes sy impliquent. (…) En résumé, devons-nous lutter contre ceux qui sortent de l’Église ? (…) Devrez-vous créer une commission ‘sorties d’église’ qui cherchera les moyens de ‘retenir’ ceux qui partent ? Ou plutôt une commission ‘projets en devenir’ qui cherchera de nouveaux financements pour créer des projets qui donnent envie d’entrer dans l’Église ? »