Publié le 05 octobre 2023
Dans sa nouvelle exhortation, publiée le 4 octobre, le Pape dénonce ce qu'il appelle le « paradigme technocratique », qu'il met à l'origine de la « dégradation de l'environnement ».
« Les ressources naturelles nécessaires à la technologie, comme le lithium, le silicium et bien d’autres, ne sont certes pas illimitées, mais le plus grand problème est l’idéologie qui sous-tend une obsession : accroître au-delà de l’imaginable le pouvoir de l’homme, face auquel la réalité non humaine est une simple ressource à son service », souligne François dans Laudate Deum (Louez Dieu), sur le thème de l’écologie intégrale, qui vise à poursuivre la réflexion de l’encyclique Laudato Si’ (2015).
Le document met en garde contre le fait que les avancées technologiques et l’intelligence artificielle reposent sur « l’idée d’un être humain sans aucune limite », notant que « toute augmentation de pouvoir n’est pas forcément un progrès pour l’humanité ».
« Lucidité et honnêteté sont nécessaires pour reconnaître à temps que notre pouvoir et le progrès que nous générons se retournent contre nous-mêmes », prévient-il.
Il n’est pas étonnant qu’un pouvoir aussi grand en de telles mains puisse anéantir la vie, alors que la matrice de pensée propre au paradigme technocratique nous aveugle et ne nous permet pas de voir ce problème très grave de l’humanité d’aujourd’hui.
Le pape propose comme alternative au paradigme technocratique l’idée que le monde « n’est pas un objet d’exploitation, d’utilisation débridée, d’ambitions illimitées », nous invitant à apprendre des cultures indigènes.
« Le paradigme technocratique a détruit cette relation saine et harmonieuse », a-t-il averti.
La nouvelle exhortation pointe du doigt le « marketing et les fausses informations » qui entourent certaines interventions ayant un impact négatif sur l’environnement.
« C’est la somme totale de nombreux dommages considérés comme tolérables qui finit par conduire à la situation dans laquelle on se trouve aujourd’hui », souligne le texte.
La logique du profit maximum au moindre coût, déguisée en rationalité, en progrès et en promesses illusoires, rend impossible tout souci sincère de la Maison commune et toute préoccupation pour la promotion des laissés-pour-compte de la société.
Laudate Deum remet en cause les « idées erronées » sur la soi-disant « méritocratie », que le pape met au service « d’une domination de ceux qui sont nés dans de meilleures conditions de développement ».
François nous invite à créer une « nouvelle culture », avec « un changement généralisé du mode de vie irresponsable du modèle occidental ».
« Ce seul fait de modifier les habitudes personnelles, familiales et communautaires nourrit l’inquiétude face aux responsabilités non prises des secteurs politiques et l’indignation face au désintérêt des puissants », ajoute-t-il.
Le texte est publié le 4 octobre, jour de la fête de Saint François d’Assise, le saint qui a inspiré le nom de l’exhortation, et s’adresse à la COP28 de Dubaï.
