Témoignages

« Le temps de faire les choses sans courir »

"Le temps de faire les choses sans courir"

Lucette Sahli, 53 ans, Aumônier et prof d’ERC au CO de Marly

Comment avez-vous vécu ce temps de confinement ?

J’ai vécu plus paisiblement mon engagement familial, en tant que « paysanne », à jardiner avec respect la terre qui m’est confiée, à cuisiner de bons plats pour la famille qui ne chôme jamais en cette période. Les temps de prière, de balade, de répétition chorale avec une clé USB en toute quiétude !

En quel mesure le Coronavirus a changé votre mission ?

Pour mon engagement au CO, j’ai intégré l’équipe Ressources et nous avons partagé sur les situations difficiles en vidéo-conférences. On rencontre tous les cas possibles et imaginables durant ce temps particulier…ceux qui se la coulent douce, d’autres angoissés, stressés, ou vivant des situations de violences…

Les propositions de rencontres virtuelles pour l’ERC ont été suivies par une partie des élèves et même par certains qui ne suivent pas l’ERC.

La proposition de journal de confinement que j’ai proposée à tous les élèves du CO n’a pas rencontré un franc succès… quelques réponses pour dire que ça va bien !!!

Au niveau paroissial, calme plat et terrible pour les familles qui doivent dire A-Dieu à un époux, un papa en ce temps de strict confinement : une inadéquate décision (je pense, car le principe de précaution élémentaire aurait pu être respecté même avec 20 personnes dans une petite église !) qui empêche le soutien des amis au moment où on en aurait le plus besoin, pour les familles endeuillées.

A ce propos, avec le début du déconfinement depuis la semaine passée, les dispositions peu claires sur le nombre de personnes autorisées à participer à une cérémonie de funérailles, on m’a demandée d’animer une célébration pour l’époux d’une des membres de notre choeur mixte. Les amis chanteurs ne faisant pas partie des groupes à risques sont venus chanter ; les amis motards sont venus témoigner. Je ne vous dirai pas combien nous étions…heureusement l’église d’Ependes est très grande !! La célébration a duré 1h…et c’était un bel hommage, un bel A-Dieu, n-é-c-e-s-s-a-i-r-e et primordial !Consciente que le covid-19 n’a de loin pas dit le dernier mot, je milite pour laisser se dérouler les célébrations de funérailles avec toute la famille du/de la défunt/e et tous les amis EN GARDANT LES PRÉCAUTIONS DE DISTANCE REQUISES et que les personnes à risques se protègent intelligemment si elles tiennent à participer. Une célébration de deuil vécue en intimité stricte passe à côté d’un rite qui peut aider à bien commencer cette étape terrestre de vivre sans l’être cher.

Enfin, au niveau de la semaine thématique ou de l’animation pour les grands jeunes, j’aimerais proposer dès 2021 la traversée de la Suisse sur les chemins de St-Jacques, en 3 étapes. Le mois de mai serait la période idéale pour poursuivre le périple de découverte commencé il y a 2 ans en individuel. Mais je dois encore attendre un peu pour être sûre de ne pas dormir à la belle étoile et assurer l’hébergement pour une quinzaine d’élèves (ou de grands jeunes à un autre moment) en temps voulu. Donc un mot : patience !

De quel manière cette période a transformé votre relation avec Dieu ? Et avec les autres ?

Je me sens immensément privilégiée dans ma ferme à l’orée de la forêt, les outils technologiques à disposition, le téléphone pour appeler ma vieille tante,… j’ai le TEMPS de faire LES CHOSES L’UNE APRES L’AUTRE, sans courir : est-ce un luxe ???

Quelles priorités instaurer pour ne pas retomber dans la course effrénée d’avant le covid ? ou plutôt, de quoi suis-je prête à me délaisser (même des choses que j’aime bien…) pour garder l’ESSENTIEL…