Rapport d'activité

Une dynamique d’ensemble

Dans le canton de Fribourg, l’année pastorale 2024–2025 a été traversée par un souffle de renouveau porté par la démarche « Osons le changement », lancée par notre évêque Mgr Charles Morerod.

Dans un contexte de réorganisation pastorale et de baisse du nombre de prêtres, les communautés catholiques ont été invitées à réfléchir collectivement à l’avenir de l’Église et à expérimenter de nouvelles manières de vivre la foi.

Du 13 au 14 février 2025, près de 1000 personnes, agents pastoraux, bénévoles et fidèles se sont réunies dans tous les décanats et les unités pastorales du canton. Cette démarche synodale en profondeur, avec des temps de prière, de partage et de discernement, a abouti à des propositions concrètes dans cinq axes: l’accueil, la spiritualité, les jeunes et les familles, le témoignage et la diaconie.

Célébrer autrement

Dans de nombreuses paroisses, la réorganisation des horaires de messe a été nécessaire. Par exemple, dans l’unité pastorale (UP) Saint-Laurent les grandes fêtes comme Noël, Pâques ou la Fête-Dieu sont désormais célébrées avec moins de messes, mais davantage de participation communautaire. Les célébrations rassemblent plusieurs clochers, avec les chorales, les enfants et l’animation pour les familles. La messe du Jeudi saint est célébrée de manière unique à la collégiale Saint-Laurent, symbole d’unité.

Des expérimentations liturgiques ont aussi vu le jour. À Neyruz, l’équipe pastorale de l’UP Notre-Dame de La Brillaz a proposé trois célébrations participatives durant l’année : une lecture biblique approfondie remplace l’homélie et laisse place à un dialogue libre entre fidèles et célébrant. C’est une manière d’impliquer chacun dans la liturgie et de redonner du sens aux gestes de la foi.

Une Église qui sort, qui rejoint, qui accueille

Sortir des murs de l’église pour aller à la rencontre de la population a été une priorité. À Ecuvillens, l’unité pastorale Saint-Protais s’est engagée dans la bénichon locale avec un stand festif et informatif. À Fribourg, des projets de roulotte itinérante, de maisons d’Église et de présences sur les marchés ont été proposés pour rencontrer les gens là où ils vivent.

Les équipes pastorales ont aussi redoublé de créativité. Par exemple, une journée de confection de biscuits à Marly a permis à près de 100 enfants d’offrir leurs douceurs aux résidents des foyers pour personnes âgées. Ce fut une belle manière de tisser des liens intergénérationnels. À Châtel-Saint-Denis, le paiement des quêtes via Twint a été mis en place. Dans plusieurs églises, des coins pour les enfants, des livres d’or, ou des espaces d’accueil avec café ont été aménagés.

Les questions œcuméniques et interreligieuses ont aussi trouvé leur place avec des temps forts comme la Semaine de prière pour l’unité des chrétiens, la rencontre carême-ramadan, ou les balades thématiques avec Dialogue en Route dans la ville de Fribourg.

La beauté de la foi au quotidien

Dans la région germanophone, le regard porté sur la beauté des églises et des paysages environnants a donné lieu à une véritable redécouverte spirituelle. Aller à la messe dans l’église d’un village voisin est devenu un pèlerinage local : contempler les champs, entretenir les tombes, partager un chant ou une prière, autant de gestes simples qui sont porteurs de foi. Cette attention à la beauté se retrouve aussi dans les messes en EMS, dans les services rendus par tous – enfants de chœur, lecteurs, musiciens – et dans la diversité des formes liturgiques.

L’Untere Sense, pour sa part, a lancé un projet de création musicale pour renouveler l’animation des célébrations. La musique, comme langage universel de la foi, devient ainsi un outil d’évangélisation et de communion.

Centres de ressourcement et transmission

Le mois de mars 2024 a été marqué par l’ouverture du Centre Saint-Dominique à Tavel. Cet ancien couvent est devenu un centre de ressourcement diocésain. Il offre un lieu de retraite, d’accueil de groupes ou de familles, dans un cadre naturel paisible. Ce centre s’inscrit dans une volonté plus large de renforcer les lieux de formation, de transmission et de spiritualité, à travers les groupes de prière, les balades spirituelles, les soirées de partage biblique ou encore les messes de louange.

Les équipes thématiques de l’UP Décanat de Fribourg ont également contribué à cette dynamique : par l’accompagnement des jeunes animateurs, la création d’un groupe pour jeunes filles, le soutien aux couples et aux familles dans leurs diverses situations de vie, ou encore l’élaboration d’un dossier catéchétique Vulnérabilités avec l’Université de Fribourg pour favoriser l’inclusion.

Un engagement ferme pour la prévention

Face à l’exigence éthique, l’Église catholique a intensifié sa politique de prévention. Dès 2025, tous les futurs agents pastoraux devront se soumettre à un assessment psychologique rigoureux. Mme Céline Ruffieux, nommée consultante diocésaine pour la prévention, rejoint une équipe renforcée par Annegret Schär et Mari Carmen Avila à l’échelle nationale. La collaboration avec les centres LAVI a été officialisée, garantissant aux victimes un accompagnement indépendant. En parallèle, un tribunal canonique pénal national est en cours de création, et une étude historique sur les abus se poursuivra jusqu’en 2027.

Une Église en transition… et en espérance

Enfin, au niveau administratif, la réforme pastorale avance. Le Conseil exécutif de la CEC a présenté son plan stratégique 2025–2029. Il comprend notamment : une meilleure gestion du personnel, une simplification des structures, une valorisation du patrimoine paroissial et une coordination entre le diocèse et les cantons.

Mais au-delà des chiffres et des réformes, c’est un appel spirituel qui traverse toute l’année : changer pour mieux aimer, transformer pour mieux servir, oser pour mieux espérer. Comme l’a rappelé Mgr Morerod : « Il y a beaucoup de choses positives. Il faut essayer de trouver de la joie dans notre mission. » Cette joie prend corps dans chaque prière, chaque partage et chaque petite innovation!