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Une Église touchée, attristée, mais solidaire pour construire l’avenir

« Nous sommes tous secoués par le Rapport du projet pilote sur les abus sexuels au sein de l’Église catholique», a constaté Céline Ruffieux, représentante de Mgr Morerod pour la partie francophone du canton, devant les délégués de la Corporation ecclésiastique cantonale (CEC). « Ma foi me donne la force et l’espérance de croire en les hommes et en l’Église. Soyons attentifs à garder la fraternité sans laisser la désespérance s’installer.» Réunis en assemblée le samedi 30 septembre 2023, les délégués ont accepté la fusion entre la Corporation ecclésiastique catholique (CEC) et la Caisse de rémunération des ministères paroissiaux (CMP).

Face à l’actualité, Marianne Pohl-Henzen, déléguée de l’évêque pour la partie germanophone du canton et Céline Ruffieux, représentante de l’évêque pour la partie francophone, se sont adressées à l’Assemblée. Après avoir souligné comment souffle la tempête. Elles ont rappelé que notre évêque a réalisé d’innombrables efforts pour rétablir la vérité et la justice. Ce sont eux, avec la Conférence centrale catholique romaine (RKZ) et la Conférence des unions des ordres et autres communautés de vie consacrée (Kovos), qui ont mandaté l’université de Zurich pour faire cette étude.

« Tous ici, nous sommes profondément attristés, touchés dans notre attachement à l’Église. Nous qui sommes engagés en Église, nous pouvons aujourd’hui être agressés par des proches ou même des inconnus », a remarqué Céline Ruffieux. « Dans le canton, une personne est mandatée et formée pour être à l’écoute des victimes. Nous devons tout mettre en œuvre pour chercher la justice même si elle est douloureuse. » Elle nomme les différents temps d’échanges et de prières qui sont organisés. « Nous sommes là, Église, dans les étapes cruciales de la vie des gens. Nous sommes présents pour les moments de joie ou les moments plus difficiles. »

Marianne Pohl-Henzen et Céline Ruffieux prenant la parole devant l’assemblée

Tolérance zéro

Céline Ruffieux, comme Marianne Pohl-Henzen, a relevé les actions qui sont déjà entreprises pour lutter contre les abus. Depuis plus de cinq ans, toutes les personnes travaillant en Eglise doivent fournir deux extraits de leur casier judiciaire (normal et spécial),de Suisse et de tous leurs lieux de résidence. Elles doivent également signer une charte et sont astreintes à suivre une formation de prévention aux abus. Un code de conduite a déjà été mis en place pour les agents pastoraux germanophones. Il le sera prochainement du côté francophone. Céline Ruffieux et Marianne Pohl-Henzen soulignent que ces mesures vont encore être renforcées. « Nous appliquons une tolérance zéro », précisent-elles.

Patrick Mayor, président du Conseil exécutif, a rappelé ce qui a été dit la veille lors de la conférence de presse à l’évêché. Mgr Morerod étant en congé maladie et le vicaire général ayant pris la décision de se mettre en retrait à la suite d’un signalement, le diocèse est actuellement dirigé par un comité de gestion ad interim composé de lui-même, de Mari Carmen Avila, de Laure-Christine Grandjean et de Jean-Baptiste Henry de Diesbach. Il a assuré que la lutte contre les abus était une priorité. « La prévention qui est mise en place depuis plusieurs années commence à donner des résultats. Notre collaboration avec les autorités civiles est totale. Nous ne craignons pas le manque de prêtres. » Il a relevé le travail minutieux des analystes, du Conseil épiscopal Prévention et des différentes taskforces. « Il n’y a plus de nomination ni d’engagement d’agent pastoral sans une analyse détaillée préalable de son dossier. »

Un devoir de vérité

À la suite de ces interventions, les délégués qui le souhaitaient étaient invités à prendre la parole. « Il est difficile de se taire, tellement la stupéfaction et la douleur sont grandes. De l’autre côté, il est difficile de parler, car les mots ne peuvent guérir les blessures », a constaté Robert Eugster. « Il faut prendre en considération l’époque. En plus de septante ans, les choses ont beaucoup changé. » Le délégué est stupéfait que certains n’hésitent pas à accuser l’Église comme une organisation criminelle à interdire par l’État. « Il n’est pas étonnant que ce rapport provoque une vague de sorties d’Église ! Pourquoi ces personnes ne sortent-elles pas de la Suisse ? En effet, si l’on taxe l’Église d’organisation criminelle, il faudrait faire de même pour notre société où davantage d’abus sexuels et autres crimes sont quotidiennement commis et dissimulés. » Il déplore le climat de suspicion et d’hostilité à l’égard de l’Église et qui fait du tort aux 99,9% des personnes engagées dans la pastorale qui effectuent un travail sans reproche. « Quand on parle de dissimulations, il me paraît important de souligner qu’il n’y a aucune obligation pour personne de dénoncer un crime, à l’exception de la police, des tribunaux pénaux et des ministères publics. » Robert Eugster invite les délégués à soutenir les réformes entreprises par notre évêque. « Je garde l’espoir que cette crise actuelle que nous subissons tous puisse aussi être une chance pour que notre Église s’en sorte purifiée et renforcée et plus crédible qu’avant. »

Bernhard Altermatt a souligné l’importance du devoir de mémoire. « C’est dans ces moments difficiles que notre solidarité est appelée à se manifester. C’est maintenant qu’il faut mettre toutes les forces au service de la recherche de vérité, du soutien aux personnes touchées par les drames. Nous avons le devoir moral, spirituel et social de n’abandonner ni les victimes, ni l’Église, de ne pas cesser le dialogue avec le public et les médias, de ne pas nous cacher, ni nous voiler la face. Je suis intimement convaincu que c’est maintenant que l’Église et les évêques ont besoin du concours des organes de notre corporation, de nos structures démocratiques, de nos compétences et de nos convictions. L’Église catholique, et tout particulièrement l’Église catholique en Suisse, a cette qualité de pouvoir se reposer sur un pilier séculier, notre ‘église du peuple’. » M. Altermatt a invité les délégués à se mettre au service de la vérité et de la lumière en travaillant sur le passé, pour maîtriser le présent et prendre les bonnes décisions pour l’avenir.

A la fin des prises de paroles, les délégués ont prié ensemble.

Fusion de la CEC et de la CMP

Les délégués ont approuvé le Règlement sur le financement des ministères paroissiaux (RFMP). Ce règlement est le corollaire de la fusion entre la Corporation ecclésiastique catholique (CEC) et la Caisse de rémunération des ministères (CMP). Dans la pratique ce règlement organise la reprise des activités de la CMP par la CEC. Ce transfert a pour conséquences :

  1. une adaptation du taux du frein aux dépenses pour le porter à 15% avec la précision que ce taux ne concerne que le fonctionnement de la CEC.
  2. un certain nombre de charges facturées actuellement aux paroisses par la CMP sur la base des coûts salariaux seront dorénavant supportées par la CEC et facturées aux paroisses sur la base du RICC.
  3. un changement de fond par rapport au système en vigueur, à savoir l’introduction d’un coût moyen de la rémunération d’un agent pastoral qui sera facturé aux paroisses en lieu et place des frais effectifs.

Changement au sein du Conseil exécutif

Mme Yvonne Stempfel, vice-présidente du Conseil exécutif, a donné sa démission avec effet immédiat. M. Bruno Boschung remplace Mme Stempfel à la vice-présidence.