Vie de l'église

Avenir de la musique sacrée en pays de Fribourg

Chanteurs, musiciens, directeurs de chœur, organistes, agents pastoraux, prêtres… ils étaient près d’une centaine au collège du Sud à Bulle, le 15 février 2020, pour réfléchir à l’avenir de la musique et du chant au service de la liturgie en pays de Fribourg.

Chanteurs, musiciens, directeurs de chœur, organistes, agents pastoraux, prêtres… ils étaient près d’une centaine au collège du Sud à Bulle, le 15 février 2020, pour réfléchir à l’avenir de la musique et du chant au service de la liturgie en pays de Fribourg.

La liturgie est le lieu de la célébration du mystère pascale. C’est un lieu d’évangélisation, un lieu de création de la communauté, un lieu de rencontre, mais la liturgie est aussi parfois un lieu de tension entre ses différents acteurs: chorale, fidèles, célébrant… Les enjeux de la musique et du chant dans nos liturgies sont cruciaux à la fois pour les fidèles et nos chorales.
Philippe Robert, musicologue et compositeur belge, a aidé les participants à entrer dans la réflexion. Il a présenté un rapide panorama historique du chant liturgique. Partant du début du 19e siècle avec Dom Guéranger de l’abbaye de Solesmes qui a restauré le chant grégorien jusqu’au Concile Vatican II, en passant par le développement des cantiques, il a montré comment nous sommes arrivés aux différents styles de musique liturgique actuels. «Nous avons quitté une liturgie chantée, pour une liturgie parlée dans laquelle nous mettons du chant. Nous sommes souvent en train de chanter durant la messe, plutôt que de chanter la messe», a-t-il souligné.

Une participation active

Philippe Robert a également invité les personnes présentes à étudier l’instruction Musicam Sacram sur la musique dans la liturgie (1973). Un texte étonnamment peu connu, mais qui garde toute sa pertinence pour aujourd’hui, car il est toujours en vigueur. «Le chant sacré est constitutif de l’action liturgique. Il doit être en connexion étroite avec ce qui de vit dans la liturgie et par conséquent avec les temps liturgiques. Certains chants ne peuvent être pris qu’une seule fois durant l’année liturgique!»
«À travers la musique sacrée, nous devons faire en sorte que les gens réunis dans nos églises deviennent une assemblée. Il faut passer de diverses individualités à une communauté corps du Christ.» Pour y arriver, tout l’enjeu réside selon le musicologue dans la participation active des fidèles. Mais qu’est-ce que cette participation? Selon Musicam Sacram, la participation des fidèles doit d’abord être intérieure, ils «s’unissent d’esprit à ce qu’ils prononcent ou entendent», ensuite la participation extérieure «s’exprime par les gestes et les attitudes corporelles, par les acclamations, les réponses et les gestes». «Ce n’est pas parce qu’un fidèle ne chante pas qu’il ne participe pas activement à la liturgie. Se laisser pénétrer par un chant, goûter chaque élément de la liturgie c’est participer activement à la messe. Toute la liturgie est un dialogue entre Dieu et son peuple. Il faut inviter les fidèles à entrer dans ce dialogue.» 

Chanteurs, musiciens, directeurs de chœur, organistes, agents pastoraux, prêtres… ils étaient près d’une centaine au collège du Sud à Bulle, le 15 février 2020, pour réfléchir à l’avenir de la musique et du chant au service de la liturgie en pays de Fribourg.
Les intervenants de la journée: le chanoine Jean-Jacques Martin et Philippe Robert

Le prêtre, premier chantre de la célébration

Philippe Robert explique, d’après l’instruction Musicam Sacram, les différents degrés de ce qui est chanté dans la messe. «Le premier degré, c’est-à-dire ce qu’il est important de chanter, comprend les rites d’entrée, la liturgie de la Parole et celle de l’Eucharistie. Le Kyrie, le Gloria, l’Agnus Dei, le Credo et la prière universelle appartiennent au deuxième degré. Ce n’est que dans le troisième degré, le moins important, que l’on trouve notamment les chants de processions d’entrée et de communion. Le Sanctus est le premier chant de la messe!» s’exclame Philippe Robert qui relève que le premier chantre de la messe est le prêtre.

Le rôle des chorales

Toujours en étudiant l’instruction sur la liturgie le musicologue belge, définit les chorales comme des acteurs au service de la participation de l’assemblée. «La chorale doit être au service de l’assemblée dont elle fait elle-même partie. Ce qui ne doit pas l’empêcher de chanter de belles pièces.», dit-il. Philippe Robert pense qu’il y a un travail à faire pour redécouvrir tout un répertoire de chant liturgique et pour en créer un pour nos assemblées liturgiques actuelles.
Autre intervenant, le chanoine Jean-Jacques Martin, prévôt de la cathédrale Saint-Nicolas à Fribourg s’est questionné sur la place et le rôle des chœurs mixtes dans la liturgie. Relevant la grande qualité des chorales fribourgeoises, il a cependant noté le vieillissement de leurs membres.
Par petits groupes, les participants ont pris de temps de réfléchir aux enjeux pour l’avenir de la musique et du chant sacré, ainsi qu’aux moyens qui peuvent-être mis en œuvre dans notre canton pour les réaliser.

Organisée par le Groupement des associations de Céciliennes (GAC) et le Vicariat épiscopal, cette journée était le premier volet d’un processus de réflexion. En effet, le GAC et le vicaire épiscopal vont reprendre et retravailler le fruit de la réflexion de cette rencontre afin de présenter des propositions à notre évêque, Mgr Morerod. Le second volet de ce processus aura lieu le dimanche 27 septembre 2020, de 15h à 19h, au Christ-Roi à Fribourg. Cet acte final et festif aura lieu en présence de Mgr Charles Morerod, évêque de Lausanne, Genève et Fribourg.

Véronique Benz