Art sacré

Un chemin de croix par jour 1/5

Vendredi saint. 15h. Les cloches annoncent la mort de Jésus sur la croix après avoir parcouru les routes de Jérusalem. En ce début de Semaine sainte embarquez avec nous sur quelques chemins de croix dans les églises de notre canton.

Armand Niquille (1957) église du Christ-Roi, Fribourg

Armand Niquille reprend la dorure des icônes pour exprimer l’invisible et le sacré. Dans une figuration simplifiée et dépouillée il représente le chemin de la passion du Christ.

Histoire du chemin de croix

Le chemin de croix est un exercice de piété qui a traversé les siècles jusqu’à être intégré dans le calendrier liturgique de l’Église. Le symbole de la croix comme représentation de la Passion du Christ remonte aux premières communautés chrétiennes. Au IIe siècle, on constate un intérêt croissant pour les lieux historiques de la Passion du Christ qui deviennent des lieux de pèlerinage. Des chrétiens se rendent à Jérusalem pour faire la via dolorosa et ainsi s’unir à la Passion du Christ. Les pèlerinages en Terre Sainte deviennent alors plus fréquents. Les chrétiens de l’Antiquité reproduisent le chemin suivi par le Christ entre le prétoire (tribunal de Pilate) au bas de Jérusalem et le Golgotha (Calvaire) au sommet de la ville, lieu de la crucifixion.

Durant les siècles suivants, le chemin de croix ne se pratique qu’en Terre Sainte, mais les récits de voyageurs le font connaître en Europe. Ce n’est toutefois qu’au Moyen Âge, sous l’impulsion de figures marquantes telles que saint Bernard de Clairvaux et saint François d’Assise, que la pratique du chemin de croix se diffuse. À cet égard, le rôle des Franciscains est particulièrement important. Ils se voient en effet confier la garde des lieux saints au XIVe siècle et réalisent des représentations de la Passion du Christ pour permettre la méditation des fidèles sur ces mystères. Soucieux d’offrir le chemin de croix aux pauvres et invalides ne pouvant se rendre en Terre Sainte, les Franciscains souhaitent diffuser sa pratique à l’ensemble de la chrétienté. D’abord limité à deux points (le prétoire et le calvaire), le chemin de croix est ensuite segmenté en stations dont le nombre varie entre le XVe et le XVIIe siècle pour se fixer à 14 au XVIIe siècle.

En 1731, le pape Clément XII reconnaît le chemin de croix comme une prière de l’Église. Dès le XVIIIe siècle, cette forme de dévotion se propage dans l’ensemble du monde catholique. Le privilège franciscain est également levé et sa pratique est généralisée. Aujourd’hui, le chemin de croix a une triple dimension. Une dimension historique puisqu’il célèbre le dernier chemin parcouru par Jésus du prétoire au Golgotha en se fondant sur les textes des évangiles (Jean-Paul II en a d’ailleurs modifié certaines stations pour mieux respecter le récit évangélique) ; une dimension liturgique puisqu’il s’agit d’une prière célébrée en 14 stations ; et enfin une dimension artistique, puisque le chemin de croix est généralement représenté dans les églises.

par Sébastien Demichel