Dans un monde en pleine transformation, l’Église catholique dans le canton de Fribourg poursuit sa mission avec confiance, lucidité et espérance. Elle ne prétend pas tout faire ni tout dire. Ce rapport d’activités ne vise pas l’exhaustivité, mais il offre un aperçu vivant et concret des lieux où l’Évangile prend chair, au quotidien, dans nos communautés. Il témoigne d’une Église multiple, ancrée dans le tissu social fribourgeois, à l’écoute de son temps et portée par la foi de ses membres.
Une nouvelle manière de lire l’année
Ce rapport adopte un format renouvelé. Plutôt que de juxtaposer des bilans institutionnels ou statistiques, il propose une traversée thématique de l’année écoulée, structurée selon les cinq grands axes de la vie chrétienne :
la communion et la vie fraternelle
la prière et les célébrations
la transmission de la foi
le service et la solidarité
le témoignage dans la société
À ces cinq piliers s’ajoutent deux projets transversaux qui marquent fortement l’année : le chantier « Osons le changement » initié par Mgr Charles Morerod, et le travail de fond sur les aumôneries menée en partenariat avec l’État de Fribourg et les Églises réformées. Ensemble, ils incarnent une Église en transformation, qui ne se replie pas sur elle-même, mais qui cherche de nouveaux chemins pour mieux servir.
L’Évangile dans les gestes du quotidien
Partout dans le canton, des centaines de personnes se sont engagées, souvent dans la discrétion, pour faire vivre une Église de proximité. À travers des célébrations dans les montagnes ou les forêts, des permanences d’écoute, des formations pour les funérailles, des camps avec des jeunes ou des visites dans les prisons, la foi s’est incarnée dans des gestes simples et concrets.
Les événements rassemblant de larges communautés – comme le jubilé des jeunes à Rome, la Nuit des Églises, les grands pèlerinages ou les temps forts liturgiques – côtoient les petites semailles de la vie paroissiale – comme les veillées de prière, les rencontres de catéchèse, les projets œcuméniques ou les actions de solidarité. Tout cela forme un maillage vivant : celui d’une Église qui marche avec le peuple.
Des transitions majeures
L’année 2024–2025 a été marquée par plusieurs transitions importantes. Après trente années de service, Marianne Pohl-Henzen a passé le flambeau à Isabella Senghor pour la coordination de la Région diocésaine germanophone. Cette succession est plus qu’un simple passage de témoin : elle manifeste une Église qui se renouvelle, qui reconnaît l’importance des femmes dans la conduite pastorale, et qui reste attentive aux réalités linguistiques et culturelles du canton.
Côté francophone, Céline Ruffieux, représentante de l’évêque depuis 2021, a terminé son mandat en fin d’année pastorale. Après un long arrêt-maladie dû aux suites d’un accident de voiture, elle a repris une nouvelle mission à compter de juin 2025. Elle a été nommée par Mgr Morerod consultante spécialisée en prévention et intervention, et rejoint l’équipe diocésaine de prévention. Son engagement à 100 % dans ce domaine prioritaire, en lien direct avec l’évêque et la représentante à la prévention Mari Carmen Avila, marque une étape importante dans la professionnalisation et l’approfondissement du travail de prévention dans le diocèse. En attendant une nouvelle nomination, c’est Aurelia Dénervaud-Pellizzari, son adjointe, qui assure l’intérim jusqu’à la rentrée.
Ce recentrage des compétences de Mme Ruffieux – psychologue de formation – sur la prévention permettra notamment une meilleure gestion des situations de crise, de la formation, de la médiation et du suivi des personnes. Un poste équivalent, occupé par Mme Blandine Charles, existait déjà dans le canton de Vaud. Le diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg renforce ainsi un axe jugé prioritaire, alors que les enjeux liés à la sécurité, à l’écoute et à la responsabilité institutionnelle se font toujours plus pressants.
Autre chantier d’envergure a été ouvert cette année. Il s’agit du travail de fond engagé sur les aumôneries dans les institutions publiques: hôpitaux, prisons, écoles, EMS… Dans ces lieux, souvent marqués par la fragilité, la solitude ou la souffrance, la présence d’un aumônier est une passerelle entre la foi et la vie. Grâce à une collaboration œcuménique exemplaire, les conventions ont été repensées afin de mieux répondre aux besoins du terrain, dans un esprit de service partagé.
Un chemin d’espérance
Le chantier « Osons le changement », lancé à l’appel de notre évêque, invite chaque paroisse, chaque service, chaque acteur pastoral à se poser la question : que devons-nous transformer pour mieux servir la mission ? Comment faire place à l’Esprit saint dans nos décisions ? Ce n’est pas une réforme technocratique, mais un appel à la conversion missionnaire, où chaque baptisé est invité à se mettre en route.
C’est ce que raconte ce rapport : une Église en chemin. Une Église qui doute parfois, qui trébuche aussi, mais qui se relève, portée par la grâce. Une Église qui sait que l’eau vive de l’Évangile continue de couler, même dans les ravins et les déserts.
À vous qui lisez ces pages, nous disons : entrez dans ce mouvement. Découvrez la diversité des visages, des lieux, des initiatives. L’Église n’est pas ailleurs. Elle est ici. Elle est vôtre. Elle est notre maison commune, fragile et belle, enracinée dans la foi, portée par l’espérance, et toujours en mouvement.
Une présence vivante au cœur du canton
L’Église catholique dans le canton de Fribourg fait partie du diocèse de Lausanne, Genève et Fribourg, qui couvre également le canton de Neuchâtel. Afin de respecter les spécificités linguistiques et culturelles, elle s’organise en deux Régions diocésaines : l’une francophone, l’autre germanophone. Depuis 2011, elle est placée sous l’autorité de Mgr Charles Morerod.
Avec près de 190’000 catholiques, elle représente environ 64 % de la population du canton. Ce réseau comprend 127 paroisses, 55 unités pastorales, et mobilise plus de 500 personnes (prêtres, diacres, agents pastoraux laïcs, bénévoles engagés).
Son action est coordonnée en lien étroit avec la Corporation ecclésiastique cantonale (CEC), selon le système dual fribourgeois. La Maison diocésaine, à Fribourg, rassemble les services communs et les conseils pastoraux.
Au-delà de son organisation, l’Église est présente dans les écoles, les hôpitaux, les prisons, les paroisses, au cœur des joies et des épreuves de la vie. C’est une Église qui se veut proche, humaine et en mouvement.
