Un mois de prière, de bénédiction et de louange à Dieu pour ses dons – La saison de la création (1er septembre – 4 octobre 2023)

Les Églises catholique, protestante et orthodoxe puiseront dans leur riche patrimoine liturgique et rituel pour célébrer la vie et les dons de Dieu à travers des Te Deum, Vêpres, Matines, Messes, Sacrements, Bénédictions, toutes orientées structurellement et fondamentalement vers la création, la matière et la corporalité, dans un esprit de gratitude à Dieu pour le monde. Riches d’une spiritualité écologique, ces célébrations auront lieu en plusieurs localités du Canton, en français et en allemand, dans un esprit d’ouverture œcuménique. 

En Suisse, il y a un nombre considérable de réseaux et de groupes qui associent ecclésialité et environnement. Cette dimension cultuelle a de plus en plus d’importance. Dans le concret, œco Église et environnement qui regroupe plusieurs centaines d’églises catholiques et protestantes, a élaboré de nombreux documents pratiques sur la protection de l’environnement, jouant un rôle convaincant dans la formation, par exemple par des cours sur « L’énergie dans les églises ». EcoÉglise est un mouvement romand qui fut créé pour lancer une démarche écologique dans les paroisses. A partir de 2019, il se structure aussi autour du label Coq vert, décerné aux paroisses par œco Église et environnement.

Cette période particulière elle est le résultat d’une tradition ecclésiale vivante et une conséquence de la présence des Églises dans le monde actuel.

C’est fondamentalement un mois liturgique centré sur le respect de la nature que les Églises pratiquent chaque année à la fin de l’été. Le point de départ est représenté par l’initiative du patriarche œcuménique Dimitrios 1er qui, en 1989, a décidé de mettre un accent propre sur ce premier jour de l’année liturgique orthodoxe, le 1er septembre, en le dédiant à la Création. Dix ans plus tard, cette résolution a trouvé sa place dans le calendrier du Réseau chrétien européen pour l’environnement (ECEN) qui, étendra ce temps du 1er septembre jusqu’à la mi-octobre.

En 2006, le Conseil œcuménique des Églises instaure « Un temps pour la Création », un dimanche consacré à l’environnement, généralement autour de l’équinoxe d’automne (précédemment « fête des Récoltes »). Il fut ensuite étendu à tout le mois de septembre. L’organisme international fournit du matériel pastoral afin d’aider les Églises nationales à traiter ces thématiques. La décision fait écho à celle des Églises orthodoxes qui, à l’occasion du 3e rassemblement œcuménique de Sibiu en Roumanie de 2007, ont proposé un « temps de la création », du 1er septembre – jour qui rappelle en particulier l’œuvre de Dieu dans la création du monde, au 4 octobre – la fête de saint François d’Assise. En continuation de ces initiatives le pape François a instauré en 2015, le 1er septembre, comme la Journée mondiale de prière pour la sauvegarde de la Création. Cette journée ouvre la période de prière appelée d’abord « Saison de la Création » de 2019 à 2020. Puis elle reçut en 2021 l’appellation de « Temps pour la Création ». Cependant, dans notre pays nous avons gardé l’appellation de « Saison de la Création ».

Il ressort d’ici que les initiatives du magistère sont accompagnées par les actions associées dans le cadre œcuménique. L’action Paix et justice pour toute la Création, le 7 juin 2019, fut le 30e anniversaire du 1er Rassemblement œcuménique européen de Bâle en 1989 sur ce même thème. Cette année-là, 700 délégués de toutes les Églises chrétiennes d’Europe ont affirmé l’inséparabilité de la paix, de la justice et de la sauvegarde de la Création, proposant dans le document final des mesures à adopter tout aussi par les gouvernements, que par les scientifiques et les citoyens, ceux-ci étant exhortés à l’adoption d’un style de vie conforme à leur foi.

Nous leur demandons d’adopter un style de vie qui soit le moins nocif possible pour l’environnement. Cela signifie entre autres la réduction de la consommation d’énergie, l’utilisation des transports publics et la limitation des déchets. […] Nous devons apprendre que notre bonheur et notre santé ne dépendent pas tant de biens matériels que des dons de la nature et des autres créatures, des relations humaines et de notre relation à Dieu

Conférence des Églises européennes et Conseil des Conférences Épiscopales d’Europe, Paix et justice pour la Création entière, Document du Rassemblement œcuménique européen « Paix et Justice », 15-21 mai 1989 à Bâle, Cerf, 1989, 94-95

Le Rassemblement général du Conseil Œcuménique des Églises à Canberra, entre 7-20 février 1991 touchait à la même problématique. Les paroles d’invocation de ce rassemblement œcuménique étaient « Vient Esprit Saint, renouvelle toute la Création ! ».

Cette initiative a été précédée par le programme « Justice, Paix, Sauvegarde de la Création » (JPC), lancé dès 1983 à Vancouver, par le Conseil œcuménique des Églises. L’exigence d’une « justice climatique » est devenue indisputable aussi par le travail de ces délégués de tous les continents.

Non pas en dernière instance la plus haute hiérarchie des Églises aujourd’hui, a pris position par ses représentants vis-à-vis de la crise écologique. Le Pape François par l’Encyclique Laudato Si’ délivre son enseignement sur la terre comme maison commune.[1] En même temps, dans le monde chrétien oriental, les Patriarches œcuméniques de Constantinople, Dimitrios 1er et Bartholomée, surnommé le patriarche vert, ont lancé leur engagement pour la nature, pour l’écologie.[2] L’encyclique papale et les messages des patriarches contiennent des réflexions théologiques, anthropologiques et cosmologiques importantes : Dieu appelle les êtres humains à être des co-créateurs, des prêtres et des intendants de la Création. Cependant, l’humanité viole la nature et risque de se détruire elle-même. Par conséquent, une spiritualité eucharistique, rendant grâce au Créateur pour la beauté et les biens de ce monde, ainsi que l’ascèse, est requise.

Ce temps, qui est célébré actuellement dans le monde entier du 1er septembre au 4 octobre, rappelle l’importance structurelle de la matière dans l’Eucharistie, la centralité de la matérialité dans les sacrements et les sacramentaux, ceci afin de comprendre que notre rapport et notre communion à Dieu se fondent aussi de manière liturgique et matérielle. Le culte est un témoignage du souci chrétien de la Terre. La liturgie, lieu où la création de Dieu est honorée et célébrée, est une action effective qui contribue également à développer une conscience chrétienne envers le monde.