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La foi déplace nos montagnes

Lettre pastorale de Mgr Charles Morerod lue lors des célébrations du 3e dimanche de carême, les 2 et 3 mars 2024.

Mgr Morerod

Pourquoi des personnes se rassemblent-elles en Église ? Parce que le Fils de Dieu s’est fait homme et a constitué une communauté, dans laquelle il nous a donné un rôle actif. Tous les baptisés, de différentes manières, ont un rôle actif. C’est ce que remet en évidence le processus synodal.

Notre rassemblement ne provient pas de notre initiative, il répond au désir du Christ. Le pape nous dit que toute participation à l’Eucharistie a été “désirée par Jésus d’un grand désir1” : « Avant notre réponse à son invitation — bien avant ! — il y a son désir pour nous. Nous n’en sommes peut-être même pas conscients, mais chaque fois que nous allons à la Messe, la raison première est que nous sommes attirés par son désir pour nous. (…) Vraiment, toute réception de la communion au Corps et au Sang du Christ a déjà été désirée par Lui lors de la Dernière Cène »2.

Les modalités de ce rassemblement sur un territoire évoluent. Une grande partie des églises du diocèse ont été construites au XXe s., souvent à des endroits où il n’y en avait pas auparavant. Il y avait moins de paroisses au Moyen Âge que maintenant. En même temps nous devons tenir compte de l’évolution à la fois de l’Église et de toute notre société.

Je veux des pôles vivants, des communautés vivantes, où l’on perçoive une joie qui donne envie de revenir.

Charles Morerod

Je vois de nombreuses personnes découvrir la foi avec émerveillement, et même toujours plus de personnes, mais ce n’est évidemment pas le seul mouvement. Beaucoup de personnes quittent l’Église, et de moins de moins de monde fréquente les églises. Cela est surtout perceptible dans la campagne, car le bassin de recrutement des pratiquants est plus limité, mais aussi dans beaucoup des nombreuses paroisses des villes. C’est pour cette raison que je veux des pôles vivants, des « communautés vivantes, où l’on perçoive une joie qui donne envie de revenir »3.

Notre société évolue. Les services et commerces qui se trouvaient autrefois dans chaque village ou dans chaque quartier de ville y sont de moins en moins présents : on peut le regretter, mais c’est un fait. Les villageois doivent se déplacer pour presque tout, et au bout du compte c’est pour aller à l’église qu’on le fait le moins (si on y va), parce qu’elle est souvent le seul « service » à être resté. On n’a pas envie de la perdre, mais le prix de cet attachement est que les communautés rassemblées, qui peuvent être admirables, donnent parfois peu envie de revenir (il y a certes de belles exceptions). Je rencontre des collégiens qui viennent me parler de leurs travaux de maturité sur des sujets religieux. A ces occasions, j’entends presque toujours « Vous comprenez bien que je ne vais pas à l’église dans mon village ». Je les vois parfois dans des églises centrales … Des jeunes familles me disent être gênées de ne pas aller à l’église de leur village, car elles choisissent des églises plus fréquentées pour que leurs enfants y voient d’autres enfants. Loin de moi de me limiter à un constat négatif, mais il n’est pas sage d’éviter les questions.

J’encourage vivement le discernement régional de possibles regroupements de paroisses ou de célébrations, pour que plus de monde ait l’occasion de participer à des célébrations joyeuses

Charles Morerod

Le pape nous dit et redit que « les zones protégées par la logique du ‘on a toujours fait comme ça’ (…) sont des refuges qui rendent l’Église malade »4. J’encourage vivement le discernement régional de possibles regroupements de paroisses ou de célébrations, pour que plus de monde ait l’occasion de participer à des célébrations joyeuses : j’en vois, j’en suis heureux, j’aimerais que cette joie soit plus accessible. J’indique une direction, mais je ne veux pas l’imposer sans tenir compte des réalités locales. C’est pour cela que le discernement doit être opéré localement, de manière synodale, par le Peuple de Dieu qui écoute l’Esprit Saint avec ses pasteurs. Écouter l’Esprit Saint n’est pas une méthode à but pratique, mais une source de paix et de joie, qui nous aide à voir l’avenir de notre Église, et qui nous permet de l’envisager à l’heureuse lumière de la résurrection.

Votre évêque
 Charles MOREROD

1. Cf. Luc 22,15.

2. Pape François, Lettre Apostolique Desiderio Desideravi (29 juin 2022), § 6

https://www.vatican.va/content/francesco/fr/apost_letters/documents/20220629-lettera-ap-desiderio-desideravi.html.

3. Ma lettre pastorale de 2021 ; https://diocese-lgf.ch/nos-eveques/mgr-charles-morerod/lettres-pastorales.

4. Audience générale du 22 mars 2023

https://www.vatican.va/content/francesco/fr/audiences/2023/documents/20230322-udienza-generale.html.