Synode 2021-2024

Pour une Église synodale

Cet automne, je me suis fait prendre à partie vivement à la sortie d’une messe par un prêtre qui m’a reproché de dire, dans mes interviews, la même chose que ce qu’ils avaient dit à AD2000 et au Synode’72. J’entends aussi le sentiment de « on a déjà fait tout ça, mais à quoi bon ? Il […]

Cet automne, je me suis fait prendre à partie vivement à la sortie d’une messe par un prêtre qui m’a reproché de dire, dans mes interviews, la même chose que ce qu’ils avaient dit à AD2000 et au Synode’72. J’entends aussi le sentiment de « on a déjà fait tout ça, mais à quoi bon ? Il n’y a rien qui change… »

Oui, il y a déjà eu des questionnaires, des enquêtes, et même des synodes. Merci ! nous pouvons en effet être reconnaissants de tout ce travail de fonds, qui prend son temps mais qui permet à l’Eglise d’avancer, d’entrouvrir des portes et de laisser entrer la lumière. Trois pas en avant et deux pas en arrière, il en reste un qui avance.

Oui, il y a déjà eu des questionnaires, des enquêtes, et même des synodes – chacun en son temps propre. Aujourd’hui, nous sommes à un moment différent : l’Église expérimente une faiblesse extrême, une très grande vulnérabilité. C’est là que le Christ peut nous rejoindre encore plus fort, c’est cet état de fragilités qui nous ouvre à être disponibles, qui nous donne de nouvelles opportunités.

Nous sommes bel et bien à un tournant de la vie de l’Église. N’ayons pas peur ! C’est un Kairos de la confiance, qui nous offre de vivre, de faire l’expérience du cheminer-ensemble, d’oser « faire germer des rêves, susciter des visions, faire fleurir des espérances, soigner les blessures, tisser des relations, apprendre l’un de l’autre, réchauffer les cœurs… [1]».

Comment faire ? Le délai est si court pour cette première phase de consultation (le 15 janvier prochain !)… La force de ce synode, ce n’est pas tant le questionnaire proposé, mais bien le processus, la démarche qu’il induit. En effet, après une phase de diagnostic – comment marchons-nous ensemble dans nos différentes réalités ? C’est la question de nos postures que nous pourrons travailler.

La question fondamentale est bien de se pencher sur la manière dont se vit aujourd’hui ce « cheminer ensemble dans notre Église locale ? Et quelles sont les étapes auxquelles nous invite l’Esprit saint pour grandir dans ce cheminement commun? [2] »

Comme on peut le constater, le but n’est pas de fournir documents et discours, mais bien de faire l’expérience, ensemble, de la synodalité. La transformation pastorale espérée est alors intrinsèquement liée à une conversion individuelle, colorée à l’Espérance. Pour sortir de nos représentations figées ou douloureuses, nous devons d’abord en prendre conscience. C’est là la première étape de ce processus, qui va se mettre en place pas à pas ; comme nous allons construire ensemble, nous devrions lâcher prise et faire preuve de démaîtrise, ce qui va ouvrir à la créativité, à la force de l’intelligence collective, avivée encore du Souffle de l’Esprit Saint. Sans stress, sans crainte.

Nous vous présentons ici une feuille de route, avec des propositions ou des précisions que nous espérons utiles afin de se lancer dans ce processus synodal. Il y a une page dédiée sur notre site, avec une partie interactive sur laquelle vous pourrez transmettre non seulement vos observations, le fruit de vos réflexions, vos questions, mais aussi vos idées et vos expériences. On se réjouit de vous lire, de vous entendre, et surtout, de voir les fruits qui vont mûrir !

Céline Ruffieux


[1] Discours du pape François pour l’ouverture de la XVe Assemblée générale ordinaire du Synode des Évêques, 3 octobre 2018

[2] Document préparatoire Synode 2023 § 26