Quand la maladie survient, notre premier réflexe est de se demander bien souvent : Pourquoi moi? Qu’ai-je fait au Bon Dieu pour mériter cela? Si Dieu est véritablement bon, comment peut-Il permettre cela? Devant le drame de la souffrance, il n’est pas rare de tomber dans le vide du non-sens, de se sentir coupable, de vivre de la colère, de la révolte. Quoi faire? Vers qui me tourner?

Pourquoi moi?

Accompagnement spirituel

Journée Mondiale du Malade

Peut-être devrions-nous plutôt nous demander : pourquoi PAS moi? Pourquoi devrions-nous nous en tirer sans souffrir? Pourquoi serions-nous exempts de la souffrance?

La foi chrétienne est la seule qui croit en un Dieu qui a souffert, dans la personne de Jésus-Christ, sur la croix. Jésus a souffert pour nos péchés et a transformé la souffrance en vie nouvelle par sa résurrection.

Une autre question que nous devrions nous poser lorsque nous souffrons pourrait être : que vais-je faire de ma souffrance? Vais-je lui permettre de provoquer en moi du ressentiment, de la culpabilité, de la colère et un sentiment d’impuissance? Ou vais-je plutôt trouver une façon, grâce à la puissance du Dieu qui souffre, de transformer ma souffrance en amour? Ne pourrais-je pas lui permettre de m’inciter à être plus compatissant, plus indulgent, plus aimant et à accepter l’amour et les soins que les autres veulent me donner.

Dieu m’a-t-il abandonné?

L’une des réactions les plus humaines à une maladie prolongée, malgré les prières de demande de guérison qui ne paraissent pas entendues, peut être un profond sentiment de l’absence de Dieu. Nous nous demandons pourquoi nos prières semblent tomber dans l’oreille d’un sourd. Nous ne comprenons pas pourquoi Dieu garde le silence alors que nous souffrons.

Lorsqu’il souffrait sur la croix, Jésus lui-même a exprimé un tel sentiment en répétant les mots du Psaume 22 : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné? ». Dans la souffrance de sa passion, Jésus crie vers son Père. Nous retrouvons là, en Jésus, un reflet de notre propre impuissance face à la souffrance, et de notre besoin de soulagement qui ne reçoit pas de réponse.

Cela fait partie du mystère de Dieu que nous passions par des périodes de douleur où il ne semble n’y avoir aucune consolation, où nous cherchons du réconfort et n’en recevons pas. Saint Jean de la Croix, mystique du XVIe siècle, parle de cette expérience comme de la « nuit obscure de l’âme »; il la décrit comme un temps où toute la douceur attachée à notre sens de la présence et de l’amour de Dieu disparaît de notre vie pour un certain temps.

Bien que Dieu ne cause ni ne désire notre souffrance, Il la permet. Dans ces moments où nous nous sentons seuls et troublés par notre maladie, nous pouvons chercher à découvrir la présence de Dieu dans la gentillesse des autres, la compétence et les soins des professionnels de la santé, ainsi que dans des moments de grâce où nous ressentons une force et un amour qui dépassent nos propres forces. Dieu est TOUJOURS près de nous, même quand nous ne le voyons pas. C’est peut-être dans ces moments, plus que tous les autres, que nous vivons notre foi comme « la garantie des biens que l’on espère, la preuve des réalités qu’on ne voit pas » (He 11, 1).

Un temps de maladie ou une épreuve, quelle qu’elle soit, peut être vécu comme un coup dur, être la cause de souffrances physiques et morales, et entraîner son lot de pertes et de deuils. On peut vivre une perte de jouissance de la vie, d’autonomie temporaire ou permanente, de contrôle sur son agenda voire, parfois, concernant la prise des décisions personnelles. On peut être privé d’une partie de soi-même, perte qui se manifeste sur les plans physiologique, affectif, comportemental et cognitif, perte d’un bien-être psychique ou psychologique et aussi parfois d’une ou plusieurs parties de son corps, etc. Toutes ces pertes peuvent en provoquer d’autres, par voie de conséquences, qui sont vécues comme autant de deuils : la perte d’un emploi, d’un rôle social ou familial, de l’ autonomie financière, de certaines relations, voire de notre milieu de vie.

Comment accueillir et assumer ces pertes, temporaires ou permanentes, qui parfois se feront d’une manière évolutive? Certes, il est essentiel de faire confiance au personnel soignant et de suivre le plan d’intervention proposé par le système de santé; mais il est tout aussi important de prendre du temps pour considérer et nommer les pertes, les pleurer ou les sublimer. Il se peut que notre entourage immédiat soit très aidant et nous soutienne beaucoup par son amour et les innombrables services qu’il doit nous rendre pour un moment plus ou moins long. Il se peut aussi que nos proches soient dépassés par les événements, eux aussi, et qu’ils vivent de l’impuissance. Pour bien traverser cette épreuve, trouver un sens à toutes ces souffrances et faire les deuils nécessaires, on a souvent besoin d’aide et de compréhension, d’une présence rassurante en qui notre famille et nous-mêmes puissions avoir confiance.

Sur le plan spirituel, on souhaite généralement se resituer, retrouver un équilibre de vie et reprendre contact avec ce qui donne un sens à son existence. Les besoins spirituels sont habituellement définis comme ceux concernant l’esprit de la personne et sont liés à la quête de sens et à une recherche d’appartenance, en relation avec des valeurs fondamentales ou avec un être transcendant. Voici une liste de besoins spirituels que nous pourrions alors éprouver (il s’agit d’une énumération, incomplète bien sûr, qui rassemble des éléments rencontrés le plus souvent par les bénévoles qui effectuent des visites) :

  • être perçu, considéré, traité et reconnu comme une personne, c’est-à-dire un être humain, et non comme une maladie, un diagnostic ou un cas;
  • vivre ou retrouver un sentiment d’appartenance à un groupe social (famille, religion, organisme) ainsi que la capacité de vivre en lien;
  • affermir ou réaffirmer les valeurs fondamentales sur lesquelles notre existence s’est appuyée dans le passé : l’honnêteté, la vérité, la justice, la bonté, la générosité, l’amour;
  • retrouver un sens à notre vie dans la réalité qu’on est en train de vivre. Le sens de la vie, c’est dans notre réalité, chaque jour de notre vie, qu’on le trouve, pas juste quand ça va bien;
  • pour certains, croire en la continuité de la vie et s’ouvrir intérieurement à une dimension transcendante (un au-delà de soi, c’est-à-dire à un plus grand que soi, à une réalité qui nous dépasse). Pour nous, les chrétiens, le besoin de ranimer notre lien à Jésus-Christ;
  • recevoir un soutien religieux : croyances, prières, méditations, Église, rites, sacrements, pasteurs ou accompagnateurs pour vivre ces réalités;
  • retrouver une paix profonde en nous réconciliant avec nous-mêmes, avec notre vie et avec les autres.

L’Église, pour sa part, a fixé par la voix du pape Jean-Paul II, une journée mondiale du malade, célébrée le 11 février, en la fête de Notre-Dame de Lourdes. Le sanctuaire de Lourdes est continuellement visité par des personnes malades qui témoignent de nombreuses guérisons dont plusieurs ont été reconnues comme miraculeuses par l’Église. Beaucoup de pèlerins, même sans y avoir recouvré la santé espérée, en sont revenus soulagés et remplis d’une confiance renouvelée, d’une foi dynamisée ou d’un nouveau sentiment de mission en Église. En s’associant à la passion et à la mort du Christ, ils apportent, par leur acceptation de la maladie, l’offrande de leurs souffrances et leurs prières, « leur part pour le bien du Peuple de Dieu » (Catéchisme de l’Église catholique, no 1499).

NOTE: En Suisse, la journée mondiale du malade est célébré tradicionnelement le premier dimanche du mois de Mars.

Voir le message du pape